Sur la belle avenue Ujazdowskie, au centre de Varsovie, une affiche attire tous les regards. Elle représente la statue d'un garçon à genoux, les mains croisées pour la prière, le regard levé vers le ciel. La silhouette juvénile contraste avec le visage, qui est celui d'Adolf Hitler. Ce n'est pas la première fois que l'artiste italien controversé Maurizio Cattelan montre cette statue en cire intitulée Him («lui»). Mais c'est la première fois qu'il l'a installée dans un lieu chargé de mémoire, au cœur de l'ancien ghetto érigé par les hitlériens en plein Varsovie pour y anéantir toute sa population juive.
Le geste provocateur de l'artiste suscite étonnement et colère. Premier à réagir, le Centre Simon-Wiesenthal de Jérusalem a qualifié le 27 décembre l'installation de la statue «d'utilisation déplacée de l'art, qui insulte les victimes des nazis», et «de provocation dénuée de sens». «Concernant les Juifs, la seule "prière" d'Hitler était de les voir effacés de la surface de la Terre», a écrit Efraim Zuroff, le directeur du Centre. Le grand rabbin de Pologne, Michael Schudrich, s'est lui aussi indigné du choix de l'emplacement. L'installation de la statue à quelques pas de la synagogue dénote d'«un manque de sensibilité» envers les victimes, a-t-il déclaré. Seul un public avisé, ayant vu l'affiche ou visité, au musée d'Art contemporain de Varsovie, l'exposition intitulée «Amen» dont la statue fait partie, sait que le visage du garçon r