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Libération
EDITORIAL

Garante

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publié le 20 janvier 2013 à 21h26

Le Mali n’est pas l’Afghanistan. La comparaison hâtive, agitée pour mieux effrayer, ne relève d’aucune raison. Il suffit, pour s’en assurer, d’observer les réactions locales à une intervention vivement réclamée et dont la célérité est largement saluée comme inespérée. La France a donc décidé d’assumer, seule pour l’instant, sa responsabilité en s’affrontant militairement aux conséquences maliennes de l’opération libyenne, dont elle n’était pourtant que l’une des parties prenantes. Sans doute faut-il y voir aussi, cinquante ans après, non pas l’énième manifestation d’un néocolonialisme économique mais bien plutôt le coût exorbitant et très politique d’une décolonisation brutale dont les frontières au cordeau offrent le stigmate le plus manifeste. Après avoir indirectement donné naissance à la «démocratie» malienne en 1991, la question du Nord a fini par l’empoisonner gravement au point de la faire tomber en mars à la faveur d’un médiocre putsch militaire, révélant soudainement les fragilités d’un pays soumis aux diktats des ajustements structurels et à la désorganisation chronique de son système éducatif. Une véritable nation pourtant, laïque et sachant faire cohabiter en bonne intelligence langues et cultures diverses. Mais une république hélas incapable de former les élites susceptibles de porter son propre développement. Après la guerre, la France ne sera donc pas quitte. Il lui faudra savoir ouvrir ses frontières et accorder des visas jusque-là trop souvent refusés, notam