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Libération

Petites blagues au Sahel

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publié le 20 janvier 2013 à 19h06

Mâchoires serrées, pas lent, voici le président en guerre. Et voici que la guerre réveille d’un seul coup le Saint-Simon qui sommeille en chaque journaliste politique français. On dirait que les doigts ralentissent sur les claviers, à mesure que se plombe le verbe présidentiel. Sonnerie aux morts dans les têtes, horizon mental rétréci à la cour d’honneur des Invalides où bientôt vibreront les derniers hommages.

Les médias fascinés observent la mue si soudaine de monsieur Petites Blagues, et s’observent l’observer.

Enfin du neuf ! Enfin la deuxième saison. Tous derrière les futurs cercueils.

D'article en article, on guette avec gourmandise les premiers sondages, on se colporte les confidences (à l'instant de la décision il était calme, comme d'habitude), les anecdotes (depuis le début de l'affaire, il dort à l'Elysée), les précédents (Chirac n'est vraiment devenu président, entré dans le costume, qu'en prononçant l'éloge funèbre de Mitterrand). On n'a visiblement pas conscience d'en dire autant sur soi-même que sur son sujet, et pourtant ! Ce que trahit cette mélopée ? Va savoir. Pêle-mêle, un besoin éperdu de transcendance et d'épopée, une inextinguible nostalgie de la monarchie absolue (à ce stade, ce ne peut être que génétique), un besoin d'adoration, une soif de guerre.

Et puis, tout ceci, n’est-ce pas, est tellement plus intéressant que les nuances entre Ansar ed-Dine et Aqmi, entre le MNLA et le Mujao. Déjà, on a appris à situer Bamako sur la carte, c’est un effort