Le chercheur allemand Thomas Klau est directeur du bureau parisien du think tank European Council on Foreign Relations (ECFR).
Quel bilan tirer du traité de l’Elysée ?
Il est incontestablement positif. N’oublions pas où on était en 1963. Dix-huit ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette amitié n’allait pas de soi pour tous. Le traité fut et reste utile, parce qu’il donne un cadre et jette les bases d’une nouvelle ère après un demi-siècle de catastrophes et un passé douloureux qu’on pourrait même légitimement faire remonter à la guerre de Trente Ans. Ce traité, c’est un peu ce qu’est la Bible à l’Eglise, même si les croyants ne la lisent pas tous les jours.
Les compromis franco-allemands sont-ils toujours la clé des accords européens ?
En 2004, après le grand élargissement, beaucoup ont enterré le couple, l’ont déclaré obsolète. Arithmétiquement et politiquement parlant, la Françallemagne allait peser moins dans l’Union élargie. Or la crise de la zone euro a démontré que, sur certaines questions fondamentales, cette capacité à forger du compromis - à partir de positions souvent très divergentes - reste absolument essentielle. L’accord trouvé le mois dernier sur l’union bancaire en est l’archétype. Cela dit, n’oublions pas qu’il n’y a pas de couple franco-allemand dans tous les domaines. Celui-ci n’existe pas sur la politique étrangère et la défense, comme l’ont montré les interventions en Libye et au Mali. Les domaines où l’axe Paris-Berlin joue à plein, c’est tout ce qui touche à l’argent et à la chose économique et, d’autre part, ce qui concerne l’évolution institutionnelle de l’Eu