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TRIBUNE

Lettre ouverte à Angela Merkel et François Hollande

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par Guillaume Klossa, essayiste, président de EuropaNova, fondateur du programme des jeunes leaders européens «40under40 », vit à Paris et Camille de Toledo, écrivain, vit à Berlin. Fondateur de la Société européenne des auteurs.
publié le 22 janvier 2013 à 19h06

Cinquante ans après la signature du Traité de l’Elysée, la dynamique franco-allemande est hélas passée du «sens de l’Histoire» au «sens des obligations». Il faudrait lui redonner un «sens de l’avenir» : qu’elle soit à nouveau porteuse d’une vision, non pas d’un passé à dépasser, d’un présent à gérer, mais d’un futur à construire.

L’essoufflement n’est pas tant la faute des actuels locataires de l’Elysée et de la chancellerie que celle d’un long et continu délitement de la relation franco-allemande, passée d’un rapport émotionnel et moral - la nécessité historique d’une réconciliation - à un rapport strictement fonctionnel. La France et l’Allemagne se parlent, dialoguent au quotidien mais uniquement parce qu’il le faut : pour que l’Union européenne fonctionne, pour défendre leurs intérêts ou sortir de la crise. Obligation et nécessité dominent. Le désir de construire un avenir commun, le sens d’une responsabilité historique partagée, l’impératif d’imaginer un futur plus démocratique, plus juste, une part d’utopie, tout ce qui donne chair à une relation, semblent désespérément absents de la relation franco-allemande contemporaine.

Les rapports amicaux (Adenauer-de Gaulle, Giscard-Schmidt, Mitterrand-Kohl), le respect mutuel, les liens profonds qui ont longtemps tenu ensemble les dirigeants français et allemands ont décliné au profit d'un agenda obligatoire. Avec la disparition progressive des générations qui ont vécu la guerre, la méfiance a succédé à la confiance. Les Français