Ce matin-là, Assita Traoré a attendu que son mari soit sous la douche, puis elle est partie en courant au commissariat le plus proche. «Son époux soutenait les rebelles islamistes, elle l'a dénoncé et les militaires sont immédiatement venus l'arrêter», racontent les voisins. Aujourd'hui, la grande maison d'Assita, une énorme bâtisse rose d'un kitsch très oriental, surmontée d'une antenne satellite, semble désertée. Le grand portail noir est fermé, Assita serait partie dans sa famille et, dans le quartier de Sonikoura, plus personne n'a entendu parler d'elle depuis ce mardi, il y a huit jours, où les militaires auraient trouvé, derrière les hauts murs de la maison, un véritable arsenal de guerre : des munitions, des armes et même des bombes, prétendent toujours les voisins.
«Bizarre». Sonikoura est un quartier un peu isolé de la ville de Ségou, à 350 kilomètres au nord de Bamako. A l'exception de celle d'Assita, les autres maisons sont en briques grises et s'ouvrent toutes sur une cour où se réunissent les familles. Comme celle où quelques femmes se font les tresses, allongées sur des nattes à l'ombre d'un manguier. Elles se souviennent bien d'Assita, qui venait souvent se faire coiffer ici. En revanche, son mari ne se mélangeait pas aux gens du quartier. «On le trouvait bizarre, mais on ne pouvait pas prouver qu'il était islamiste», affirme Issa, le seul homme présent. Il y a trois jours, ce sont les enfants du quartier qui ont dénoncé un