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Libération

L’absurde déficit d’Europe

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publié le 23 janvier 2013 à 19h16

Il ne manquait pas un bouton de guêtre aux cérémonies commémoratives du 50e anniversaire du traité franco-allemand de l'Elysée. Réunion conjointe des gouvernements, séance commune des parlementaires, discours impeccable de la chancelière et du président français, concert distingué, rencontre académique avec des jeunes des deux pays, la réussite protocolaire était indéniable. Les rites et la liturgie triomphaient. L'Europe des bonnes manières, l'Europe formelle est désormais enracinée. Reste à redonner à l'Europe réelle un élan, un projet et une ambition.

La missa solemnis de Berlin n'est en effet malheureusement qu'un irréprochable trompe-l'œil. Il ne s'agit certes pas de magnifier artificiellement le passé et d'ignorer les véritables progrès récents. Le traité de l'Elysée tient son renom de la grandeur des deux personnages qui l'ont voulu. Le général de Gaulle et Konrad Adenauer avaient en commun d'avoir relevé leur pays respectif et de partager une conscience historique intense de la nécessité de réconcilier deux grands peuples voisins et ennemis. Quant au traité lui-même, il est resté un chiffon de papier. Il prévoyait une diplomatie concertée, une industrie d'armement conjointe, des économies harmonisées, deux jeunesses s'ouvrant l'une à l'autre. Rien de tout cela ne s'est produit. Il n'y a ni politique étrangère, ni espace de défense, ni rapprochement des politiques économiques, ni même connaissance minimale de la langue et de la culture de l'autre. L