En gobant d'un coup l'essai de l'Autrichien Robert Menasse, on a l'impression d'avaler l'équivalent littéraire d'une canette de Red Bull : c'est vite lu et on en ressort boosté. Depuis sa parution, en septembre, Der Europäische Landbote , littéralement «le Messager du pays européen» (1), vendu à 16 000 exemplaires, provoque beaucoup de débats dans le monde germanique sur la manière de construire un projet radicalement fédéral.
L’auteur, bardé de prix, y juge nécessaire la suppression du Conseil et ses réunions à 27 paralysantes. D’ailleurs, dans son Europe post-nationale, le polémiste au style vif et concis n’épargnerait que les régions. Finie l’Allemagne, finie l’Espagne, finis les pays Baltes et autres microrépubliques des Balkans. Car, au nom de quelle règle immuable, le Tyrol et la Corse devraient-ils indéfiniment en référer à Vienne ou à Paris ?
«L'Europe a commencé à écrire le dernier chapitre de l'histoire des nations, écrit Robert Menasse dans un mail adressé à Libération. C'est logique : plus les nations abandonnent de leur souveraineté au profit d'institutions supranationales dans la communauté européenne, plus elles s'affaiblissent et finissent par mourir.» Pour l'auteur, les élites actuelles tuent à petit feu le projet européen. Angela Merkel ne sait pas ce que c'est que l'Europe et David Cameron bloque les décisions de la zone euro pour protéger les seuls intérêts de sa City. Et que dire de ces journaux «sérieux»