Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano est l’une des personnes les mieux informées sur l’état de développement du programme nucléaire iranien. Il dénonce sans relâche le manque de coopération du régime.
L’AIEA a de nouveau échoué à obtenir des concessions de la part de l’Iran. Sur quels points achoppent les discussions ?
Je ne crois pas que nous puissions parler d’échec ici. Je ne peux vous donner des détails, mais la négociation continue, nous déployons nos efforts les plus importants par la voie diplomatique.
Vous renvoyez une délégation en Iran le 12 février. Mais les discussions traînent depuis un an. Vont-elles durer indéfiniment ?
Au vu de la situation actuelle, fixer des deadlines n'aiderait pas. Nous sommes engagés dans ce dialogue et c'est dans ce contexte que nous avons décidé qu'il y aurait un nouveau cycle de réunions.
Pour prouver qu’il ne veut pas la bombe, le Guide suprême iranien propose de lancer une «fatwa» [décret religieux, ndlr] qualifiant l’arme atomique d’anti-islamique. Cela vous paraît-il constituer une garantie sérieuse ?
Notre mission consiste à comptabiliser les matières nucléaires et à donner l’assurance qu’elles ne sont utilisées que dans un but purement civil. Une fatwa, ce n’est pas quelque chose que l’on peut mesurer ou vérifier techniquement.
Téhéran refuse d’ouvrir le site de Parchin, où des tests d’explosions ont eu lieu par le passé. Des images satellites prouvent qu’un grand nettoyage a été effectué. Quand on vous ouvrira la porte, aurez-vous quelque chose à voir ?
Nous n’en sommes pas très sûrs. Nous avons des outils efficaces pour trouver des traces de travaux nucléaires, mêmes résiduelles, mais suite à notre demande d’accès, les activités à huis clos constatées par satellite ont effectivement été intensives. Toutefois, nous espérons quand même obtenir un accès et ce sera forcément utile afin de clarifier la situation.
En combien de temps le régime peut-il se doter d’une bombe atomique ?
Des installations, comme celles de Qom ou de Natanz, sont sous le système de garantie de l’AIEA et nous pouvons vérifi