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Libération
Reportage

Tahrir rêve sa seconde révolution

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Pour le deuxième anniversaire du soulèvement populaire, l’Egypte a vécu, vendredi, une journée de manifestations dans un contexte de tensions politiques et de crise économique.
Des manifestants devant le palais présidentiel au Caire, vendredi. (Photo Mahmoud Khaled. AFP)
publié le 25 janvier 2013 à 22h26

«Cette fois, c'est la bonne, on ne veut plus de ce Morsi, il faut qu'il tombe !» Saleh est furieux. Cet Egyptien d'une trentaine d'années, logisticien dans une ONG, fait partie de ces dizaines de milliers de révolutionnaires qui se sont rendus vendredi sur la place Tahrir. Autant pour célébrer les deux ans du soulèvement populaire qui, en janvier 2011, a conduit à la chute de Hosni Moubarak, que pour dire que la révolution continue. Cette continuité se retrouve jusque dans les slogans. Là où, hier, la foule scandait la chute de l'ancien raïs ou du pouvoir militaire, elle demande aujourd'hui, dans les mêmes termes, le départ du guide suprême de la confrérie des Frères musulmans, Mohamed Badih, et même celle du président Mohamed Morsi, élu en juin. «Morsi n'est pas le président des Egyptiens, il ne défend que les intérêts des Frères musulmans et des Américains. Il est encore pire que Moubarak, il ne sait pas ce que c'est que la démocratie, et en plus il est islamiste»,s'emporte Saleh qui a pourtant voté pour le nouveau chef de l'Etat. «Je n'ai jamais cru qu'il serait un bon président, mais je n'avais pas le choix. C'était ça ou voter pour Chafik [son adversaire au second tour, ancien cacique de l'ex-régime, ndlr]. Mais là, c'est pire que ce que je pouvais imaginer, il se moque totalement de la révolution», se désole le jeune militant qui énumère ses griefs : pas de liberté pour les individus ou pour les médias, pas de travail, pas de justice…