L’intervention militaire de la France au Mali, engagée depuis le 11 janvier, soulève entre autres une question : quelle idéologie a présidé à la décision d’intervenir ? Et s’agit-il là d’une variante du néoconservatisme qui servait de justification aux guerres précédentes lancées contre des pays musulmans (Irak, Afghanistan, Libye) ?
Le néoconservatisme est une doctrine politique développée aux Etats-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Malgré cette appellation devenue commune, la doctrine ne relève pas du conservatisme. Elle repose plutôt sur l’idée qu’il faut intervenir par la force dans des pays étrangers pour y éradiquer le mal et imposer le bien ; en l’occurrence, pour défendre l’idéal démocratique et les droits humains. Ou, comme le disait l’ancien président G.W. Bush, pour faire triompher la liberté contre ses ennemis, en politique mais aussi en économie. Le néoconservatisme est donc un moralisme et un idéalisme, qui se distingue d’autres doctrines géopolitiques comme le réalisme, selon lequel la politique étrangère d’un pays est dictée par ses seuls intérêts, sans aucun souci pour le destin des peuples étrangers. Entrer en guerre pour défendre son approvisionnement en pétrole (ou en uranium) ne relève pas du néoconservatisme, le faire pour apporter aux autres le meilleur régime politique est conforme à cette doctrine. En cela, elle s’apparente à d’autres formes de messianisme, comme le colonialisme, justifié par la supériorité de la civilisation occid