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Union européenne : silence et harcèlement à la Cour des comptes

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Trois employés vont poursuivre l’institution européenne pour avoir enterré une affaire de harcèlement moral en dépit de rapports accablants. Tous travaillaient au cabinet de la Bulgare Nadejda Sandolova, qui vient d’achever son mandat sans être inquiétée.
par Jean Quatremer, Envoyé spécial au Luxembourg
publié le 28 janvier 2013 à 19h06

L’affaire est vite pliée. Réunis à huis clos, le 13 décembre 2012, les 26 membres de la Cour des comptes européenne (CCE) votent à bulletin secret pour décider s’ils vont renvoyer leur collègue bulgare, Nadejda Sandolova, 56 ans, devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) afin qu’elle soit relevée de ses fonctions et/ou déchue de ses droits à la retraite.

L'accusation est grave : pendant plusieurs années, Sandolova aurait harcelé trois membres de son cabinet qui ont fini par sombrer dans une grave dépression et restent encore marqués par l'épreuve. Les membres (on ne dit pas «juges») de la Cour des comptes ont à leur disposition deux rapports d'enquête rédigés par d'anciens magistrats de la Cour de justice qui concluent au «harcèlement moral», les rapports accablants de plusieurs psychiatres, ainsi que le rapport rédigé par le président de la CCE, le Portugais Vitor Manuel da Silva Caldeira, peu amène pour sa subordonnée. Pourtant, par dix-huit voix contre huit, les membres de cette institution sise au Luxembourg décident d'enterrer l'affaire.

Une semaine plus tard, le 20 décembre, les trois plaignants, le Belge francophone Didier Lebrun, chef de cabinet de 2007 à fin 2010, la Belge néerlandophone Sonja Deweerdt, secrétaire entre 2007 et 2011, et la Luxembourgeoise Margot Lietz, assistante entre 2007 et début 2008, reçoivent une lettre du président de la cour leur annonçant que Sandolova échappait à toute poursuite. Néanmoins, écrit Vitor Caldeira, «la