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Libération
Reportage

Dans un tourbillon de violence, l’Egypte en perdition

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Alors que même les forces de l’ordre sont gagnées par l’anarchie qui s’empare du pays, la légitimité du président Morsi n’a jamais paru aussi faible.
Un jeune Egyptien, hier, place Tahrir avec des pierres dans la main, en marge d’affrontements avec la police. (Photo. AFP)
publié le 29 janvier 2013 à 21h26

A chaque fois qu’une nouvelle flambée de violence survient en Egypte, on se dit que le terme «chaos» a jusque-là été galvaudé. La situation donne l’impression d’empirer de mois en mois. Depuis plusieurs jours, tout le pays se soulève, deux ans à peine après la révolution qui a conduit à la chute de Moubarak. A l’entrée de la place Tahrir, devant les hôtels de luxe, quelques centaines de jeunes jettent des pierres et des cocktails Molotov sur des forces de l’ordre qui répondent par des gaz lacrymogènes et des pistolets à grenaille. Rien que de très habituel, sauf que les mouvements révolutionnaires et politiques semblent avoir de moins en moins de prise sur ces contestataires belliqueux, des adolescents venus des quartiers pauvres du Caire.

Football. Dans la nuit de lundi, ces gavroches égyptiens ont envahi l'hôtel Semiramis, dont le personnel en était réduit à lancer des SOS de détresse sur son compte Twitter. Un peu plus tôt, ils avaient tenté de kidnapper un officier - libéré par d'autres révolutionnaires - et incendié deux fourgons blindés de police, dont l'un trônait sur la place tel un trophée de guerre. Leur colère a été attisée par la blessure d'Ahmed Harara, touché à la tête par une chevrotine. Cette icône de la révolution a perdu un œil en janvier 2011, et l'autre en novembre, pendant la bataille de la rue Mohammed-Mahmoud. Ce rejet de l'ordre se retrouve partout et à tous les niveaux.

A Kafr el-Cheikh, ville du delta du Nil, d’ordinaire peu affectée