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Libération
EDITORIAL

Dilemme

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La France en guerre au Malidossier
publié le 29 janvier 2013 à 22h06

«Nous sommes en train de gagner une bataille», a affirmé François Hollande. La première phase de l'opération «Serval» s'achève en effet comme une Blitzkrieg : en dix-neuf jours, un ennemi volatilisé et invisible dans cette guerre sans image a abandonné sans vraiment combattre les places fortes qu'il soumettait hier à sa loi la plus barbare. A l'indécision qu'on lui prêtait et à l'enlisement qu'on lui promettait, François Hollande aura donc opposé une réactivité et une efficacité certaines. Mais, dans la seconde phase qui s'ouvre désormais, un autre risque majeur pointe déjà, comme si le plus dur était à venir. Voilà la France aux prises avec une contradiction, ou plutôt un dilemme. Soit les Français restent en première ligne et ils apparaîtront tôt ou tard comme des Blancs néocolonialistes : les meilleures causes s'abîment toujours dans la catastrophe et une mauvaise bavure ou un incident incontrôlé ne manquera pas - comme hier en Afghanistan ou en Irak - de retourner l'opinion qui applaudit aujourd'hui des deux mains. Soit l'armée française se contente d'un soutien aux troupes maliennes et africaines laissées en première ligne, et elle prend alors le risque d'être accusée de couvrir des exactions et des règlements de comptes : l'esprit de vengeance rôde déjà dans les villes libérées du Nord. Aussi décisive qu'ait été la première phase, il n'y a pas de solution militaire à la crise malienne - la politique doit prendre le relais de toute urgence. Il s'agit non seulem