Un ambassadeur qui tentait une approche en français du futur secrétaire d'Etat américain s'est déjà vu rembarrer : «You don't help me, Mr. Ambassador.» A la charismatique Hillary Clinton va succéder un diplomate chevronné mais pas particulièrement chaleureux. John Kerry parle bel et bien français, en roulant les «r», mais il a dû apprendre, lors de sa campagne pour la Maison Blanche en 2004, que cette qualité peut être considérée comme un défaut aux Etats-Unis. «Il a une vraie intimité avec la France», souligne un diplomate tricolore, évoquant les vacances de Kerry en Bretagne, dans la famille de sa mère où il retrouvait son célèbre cousin Brice Lalonde. «Mais nous savons aussi qu'il ne faut pas le mettre en difficulté en public avec cela», poursuit le même diplomate.
«Jean Chéri». En 2004, à un moment où les Français étaient les traîtres qui n'avaient pas suivi Bush en Irak, Kerry était appelé «monsieur Kerry» ou «Jean Chéri». «Il a l'air français», avait même lancé le secrétaire au Commerce et ami de George Bush, Don Evans. Ces dernières semaines, la francophilie de Kerry a déjà été à l'œuvre sur le Mali, où il a plaidé en coulisses, discrètement car il n'était pas encore en fonction, pour un soutien américain plus appuyé à l'opération «Serval», indique Jim Hoagland, éditorialiste au Washington Post : «La grande question est maintenant de savoir dans quelle mesure ce sera bien lui qui déterminera la