Depuis plus de vingt ans, la photographe Françoise Huguier a fait du Mali son second pays natal. Sa connaissance du pays s’est forgée à l’africaine, comme on palabre : un mélange de légendes, de rumeurs plus ou moins loufoques, de vraies infos et d’humour, toujours. En 1988, elle visite Tombouctou pour la première fois.
«Quand on vient de Bamako, on dit « monter à Tombouctou ». C’est plus qu’une montée, c’est une ascension. D’abord, la chaleur qui oblige à voyager de nuit. Ensuite, l’absence de routes : du sable, de vagues pistes. J’avais rencontré un conducteur qui, du temps de la colonie française, avait été le chauffeur d’un capitaine. Avec lui, ce fut simple : plein pot, tout droit ! Sur place, je rencontre des membres d’une ONG qui tentent de sédentariser les Touaregs en leur apprenant la culture du sorgho. Transformer un homme des pistes en homme des champs : échec total.
«Ce que je vois tout de suite, c’est l’architecture : pas seulement les mosquées en pisé, les plus belles d’Afrique, mais les maisons, dans un style qui mélange l’arabe et l’africain. Les intérieurs sont organisés à l’arabe autour d’un patio. Le sol est fait de plaques de sel recouvertes d’une fine couche de sable qu’on renouvelle tous les jours. Je découvre également que la population est aussi mélangée que cette architecture : les Bozos, pêcheurs du fleuve Niger - Tombouctou fut aussi un port -, les Touaregs voyageurs et les Arabes - on dit « les Marocains » - qui commercent.
«En 1994, je rev