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Interview

Le Mali a-t-il toujours perdu le nord ?

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publié le 1er février 2013 à 19h07
(mis à jour le 5 février 2013 à 11h11)

Il est incontournable actuellement : Pierre Boilley, historien, spécialiste de l’Afrique subsaharienne contemporaine, du Sahara et des peuples nomades comme les Touaregs, dirige le Centre d’études des mondes africains. Carte du Mali à l’appui, il décrypte les origines historiques du conflit.

Quand et comment les frontières du Mali ont-elles été tracées ?

Contrairement à ce qu’on entend partout, elles n’ont pas été tracées à la Conférence de Berlin de 1884-1885, où il était principalement question de règles du commerce entre Européens sur les bassins des fleuves Congo et Niger. C’est plus tard qu’il a été question des différentes zones d’influence qui se transformeront en frontières. Des missions de délimitation se rendirent sur le terrain pour les faire passer par des zones où elles étaient acceptées par les populations.

Celle avec la Mauritanie serait l’exemple parfait de frontière coloniale…

Sur le continent, la majorité des frontières sont d’origine coloniale et, de toute évidence, les frontières naturelles n’existent pas. Elles sont décidées par un pouvoir, même si elles coïncident parfois avec un fleuve ou une montagne. La frontière actuelle avec la Mauritanie date de 1942, lorsque l’administration française décide de rendre la Mauritanie (cette partie du Soudan français) plus homogène «ethniquement». Cette frontière à angle droit permettait aux Maures de se retrouver au sein de la même colonie. Celle avec l’Algérie est tracée au cordeau dans les lieux désertiques mais, à l’est, elle devient sinueuse quand elle sépare deux pôles politiques : celui des Touaregs du Hoggar (Tamanrasset) et celui des Touaregs d