Les Anglais ont tiré les premiers. La semaine dernière, le ministère britannique des Affaires étrangères a demandé à ses ressortissants de quitter Benghazi en raison d'une «menace spécifique et imminente». L'Allemagne, l'Australie, le Canada, entre autres, ont suivi. Dans la foulée, le Quai d'Orsay a mis en garde contre des «menaces terroristes». Résultat, les Occidentaux ont déserté la capitale de la Cyrénaïque. Après la mort de l'ambassadeur américain le 11 septembre et l'attentat raté contre le consul italien le 12 janvier, le berceau de la révolution libyenne est devenu une ville de tous les dangers pour les chancelleries. Et elles ne sont pas les seules visées.
Bombe. Depuis dix-huit mois, les attaques à la bombe contre des bâtiments publics et les enlèvements de policiers se sont multipliés. Après l'échec de la démobilisation des brigades et le demi-succès de la prise par l'armée de Bani Walid - considéré comme le dernier bastion kadhafiste -, les violences à Benghazi constituent un nouveau défi pour le Congrès et le gouvernement, fragiles institutions issues de la transition démocratique. Jusqu'ici, aucun attentat n'a été revendiqué. Mais les suspects ne manquent pas. En dresser la liste revient à énumérer les maux qui gangrènent la Libye : la population accuse les islamistes, ces derniers dénoncent un complot d'anciens kadhafistes et les autorités locales pointent du doigt les criminels de droit commun relâchés pendant la révolution.