C'est où Tombouctou ? La question s'est posée sous pression de l'actualité. En américain, on dit «from here to Timbuktu» pour parler d'un endroit inaccessible. Tombouctou comme Pétaouchnok ? Un lieu mental, aussi loin que l'imaginaire peut porter ? C'est un nom à divaguer, comme Zanzibar ou Valparaiso, qui fait écho à la mythologie des villes englouties, Ys, Ur, ou, le désert aidant, Iram, l'Atlantis des sables.
Il n’est pas nécessaire d’aller à Tombouctou pour la connaître. Il serait indécent de prétendre la connaître parce qu’on y est allé. Tombouctou est un mystère, comme les Grecs l’entendaient : secrète et initiatique. Venir au rendez-vous de Tombouctou, c’est trembler qu’au premier contact la rencontre soit aussi décevante qu’une petite annonce sentimentale. Elle se promettait belle et jeune, elle est vieille et abîmée.
Tombouctou n’a pas attendu son occupation par des cinglés d’Allah pour se dégrader. Avant la Seconde Guerre mondiale, du temps du Soudan inventé par les Français, elle voit passer dans ses palmeraies girafes et hippopotames. Il y avait donc de l’eau, beaucoup d’eau.
Aujourd'hui, les puits plongent à des dizaines de mètres de profondeur. La faute à la nature et aux hommes : sécheresses à répétition, troupeaux pléthoriques de chèvres et de chameaux, exploitation du moindre brin d'herbe. Et le désert qui avance, comme dans la Chanson d'Azima, le tube de Michel Berger, qui tourna le clip à Tombouctou. Au gré de ses crues et décrues, le fleuve