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Libération
Récit

La police, force du désordre égyptien

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La vidéo d’une bavure contre un manifestant illustre une nouvelle fois les dérives d’un corps largement corrompu et soupçonné d’être fidèle à l’ancien régime.
Des policiers montent la garde devant le palais présidentiel au Caire, le 2 février. (Photo Asmaa Waguih. Reuters)
par Marwan Chahine, Correspondant au Caire
publié le 3 février 2013 à 20h56

Il fait nuit, un homme entièrement nu est encerclé par une dizaine de policiers. Pendant une minute, il se débat, tente de se relever mais, à coups de pied ou de matraque, les forces de l’ordre l’en empêchent, le traînant au sol avant de le jeter dans leur fourgon. Cette scène s’est déroulée vendredi soir, aux abords du palais présidentiel, où se tenait une manifestation contre le Président qui a vite dégénéré. Filmée par plusieurs caméras de télévision, la vidéo de l’homme nu a rapidement fait le tour du Web, suscitant l’indignation de nombreux Egyptiens.

Le ministère de l'Intérieur a fait profil bas, évoquant «un acte isolé» et la présidence s'est dite «attristée par des images choquantes», «contraires à la dignité humaine». Cette affaire a pris une tournure improbable avec la réaction du principal intéressé, Hamada Saber, un ouvrier de 48 ans. Pris en charge dans un hôpital de la police, il en est sorti le lendemain et a déclaré que c'étaient des manifestants qui l'avaient agressé, avant que les forces de l'ordre lui viennent en aide. Samedi soir, il enfonçait le clou au téléphone à sa fille en direct sur la chaîne privée, On TV. Tandis que celle-ci l'implorait de ne plus avoir peur et de dire la vérité, il campait sur sa position. «Pourquoi mens-tu à ton père, fille de chaussure ?» s'était-il emporté. Une version sur laquelle il est finalement revenu, hier soir, en affirmant à la justice que c'étaient bien la police qui l'avait déshabillé et fra