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«Comment enlever la peur que nous avons toutes en nous?»

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Plus de deux mois après le viol et le meurtre d’une jeune femme à New Delhi, étudiantes et militantes dénoncent les atteintes dont sont victimes les Indiennes.
«Désolée, je ne vais désormais pas rester tard [au bureau]». Une salariée d’une agence de publicité de la région de Delhi dans un message destiné à ses collègues, le 11 janvier. (Photo Mansi Thapliyal. Reuters)
publié le 4 février 2013 à 20h26

Elle ne cache pas sa peur. «Je ne prends jamais le bus seule la nuit, je fais bien plus attention», soupire Shika, 32 ans, qui a été très choquée par l'affaire du viol collectif d'une étudiante, le 16 décembre à New Delhi. Mais tous les matins, cette cuisinière doit emprunter les bus bondés de la ville pour se rendre chez ses différents employeurs. «Les hommes profitent du fait que nous soyons entassés pour se frotter contre les femmes et les tripoter. Quand cela m'arrive, je me mets à crier, c'est vraiment obscène ! Je ne peux pas l'accepter», se lamente une femme originaire d'un village de l'est de l'Inde, arrivée dans la capitale il y a seize ans avec son mari. «Il faudrait qu'il y ait des policiers dans tous les bus, les femmes se sentiraient plus à l'aise», confie-t-elle.

Nombre d'habitantes de New Delhi subissent ce harcèlement dans les transports publics et dans les rues de la ville. Beaucoup, honteuses, n'osent pas se plaindre mais enragent intérieurement. Le ras-le-bol de cette humiliation quotidienne s'est également exprimé lors des manifestations qui ont submergé la capitale en décembre. «Il m'est arrivé qu'un homme se colle contre moi dans un bus, et lorsque j'ai élevé la voix, mes voisins m'ont répondu : "Mais pourquoi vous faites autant d'histoires ?"» raconte l'une des manifestantes, affirmant que «de manière générale, on ne se sent pas en sécurité dans cette ville, et pour ce qui est des viols, c'est la pire».