Dans les tchaïkhana, ces maisons de thé qui maillent tout l'Afghanistan, ce sont eux que l'on voit trimer du soir au matin, porter les seaux d'eau, casser le bois pour le feu, entretenir le samovar, chasser la poussière des tapis… Dans les garages, on distingue à peine leurs visages tant ils sont noirs de graisse à force de plonger dans les moteurs et d'assurer les vidanges. Si les patrons tiennent en général la caisse, ce sont les enfants - et les adolescents - qui font souvent les petits, durs et sales boulots, à la ville comme à la campagne.
Le travail des enfants est l'un des fléaux de l'Afghanistan. Mais les plus pauvres, les orphelins, ceux qui sont vendus par leurs parents ou livrés à la rue courent le risque d'être soumis à une pratique beaucoup plus dégradante et cruelle, d'autant plus impunie qu'elle se pare des vertus de la tradition depuis des centaines d'années : le batcha boz, ce qui signifie en persan «le jeu du garçon». La meilleure traduction serait plutôt «le garçon de plaisir». Ce sont de jeunes garçons, âgés d'une douzaine d'années, parfois de moins de 10 ans, que l'on maquille, habille en fille, avec des tuniques et des robes roses, et que l'on fait danser avec des clochettes aux chevilles, le visage parfois aveuglé d'un voile, à l'occasion de mariages ou de fêtes privées, devant un parterre uniquement masculin.
En Afghanistan, hommes et femmes ne doivent jamais se rencontrer hors les relations familiales. Dans ces réunions, où même les p