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Portrait

Chokri Belaïd, bête noire des islamistes

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L’avocat et militant marxiste de 48 ans abattu hier avait notamment plaidé dans l’affaire «Persepolis».
publié le 6 février 2013 à 22h16

De tous les opposants à Ennahda, Chokri Belaïd était «le plus direct», estime une femme sous le choc. «C'était le plus agressif, ils ont visé un symbole», ajoute un syndicaliste. Moustache noire, béret, Belaïd, 48 ans, était un militant farouche, charismatique, qui sonnait souvent la charge contre les islamistes dans les médias.

Quartier populaire. Il était le secrétaire général du Watad, le Mouvement des patriotes démocrates, d'obédience marxiste et panarabiste. La formation avait rejoint en octobre le Front populaire, une alliance de douze partis d'extrême gauche et de nationalistes arabes, et en était depuis l'un des piliers. La coalition, qui ne dispose que d'un siège à l'Assemblée constituante, compte un nombre conséquent de militants, notamment dans les rangs étudiants. Elle connaît même une popularité croissante, s'imposant comme la troisième force du pays, derrière les islamistes et la coalition de partis centristes.

Issu du quartier populaire de Djebel Jelloud, dans la banlieue de Tunis, Chokri Belaïd a débuté sa vie militante «très tôt, dans les rangs lycéens, et était de toutes les manifestations étudiantes», raconte le syndicaliste Samir Rabhi, un ami de vingt-cinq ans, membre lui aussi du Watad. Après des études de droit en Irak et une maîtrise en France, Belaïd revient à Tunis et s'inscrit au barreau, un refuge pour les militants sous la dictature. L'avocat a ainsi plaidé dans de nombreux procès politiques sous Ben Ali,