La grève générale revient à l'ordre du jour après le choc de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd. Et cette fois pourrait bien être la bonne. Mi-décembre, la toute puissante Union générale tunisienne du travail (UGTT) avait fait marche arrière au dernier moment. La petite place Mohamed-Ali, siège historique de la confédération syndicale, avait alors la couleur des jours de lutte. Des banderoles partout, des affichettes «nous sommes tous l'UGTT» collées aux murs, au milieu de nombreux graffiti à l'effigie de Farhat Hached, figure légendaire du syndicat et de la lutte contre la colonisation. Chaque jour, des dizaines d'adhérents ou de sympathisants se rassemblaient devant l'immeuble de l'UGTT pour apporter leur soutien à l'emblématique syndicat, unique ou presque, dans son bras de fer avec les islamistes d'Ennahda, principal parti au pouvoir.
L'UGTT, «c'est la citadelle», le «bastion des libertés», assenaient alors ses partisans. «La plus grande force du pays», selon un slogan. «C'est la seule capable de faire l'équilibre face à Ennahda. [Le pouvoir] cherche à l'affaiblir, le moment est crucial», ajoutait un adhérent, suspendu à la décision de la direction. Finalement, après un accord négocié de longue haleine avec le gouvernement, le syndicat annulait à la dernière minute sa grève générale prévue le 13 décembre. Ce devait être la deuxième du genre depuis l'indépendance, après celle, violemment réprimée, de 1978. Même pendant la