Alors qu’il sortait de son immeuble, hier matin, dans le quartier de Menzah 6, à Tunis, Chokri Belaïd, secrétaire du Mouvement des patriotes démocrates (extrême gauche), a été tué à bout portant de trois balles, dont une dans la tête et une dans le cou. Son assassin a pris la fuite avec un complice à moto. C’est le Premier ministre en personne, Hamadi Jebali, qui a raconté l’assassinat de cette figure de l’opposition radicale qui, transportée dans une clinique, a succombé à ses blessures.
La nouvelle de sa mort a provoqué un immense choc dans tout le pays. Dans la soirée, le Premier ministre a même annoncé la formation d'un «gouvernement de compétences nationales sans appartenance politique», autrement dit un cabinet de technocrates «qui aura un mandat limité à la gestion des affaires du pays jusqu'à la tenue d'élections dans les plus brefs délais».
Immédiatement après que l'agression eut été rendue publique, des centaines de personnes, responsables de l'opposition, militants de la société civile et simples citoyens, ont afflué devant la clinique, avant d'escorter l'ambulance transportant la dépouille vers l'avenue Bourguiba, où des milliers de Tunisiens s'étaient aussi rassemblés. Devant le ministère de l'Intérieur, le cortège a appelé à la «chute du régime», les manifestants scandant : «Nous vivrons avec du pain et de l'eau, mais sans Ennahda. Le peuple veut une révolution de nouveau.» «Tout le monde refuse la violence», ajoutai