L'onde de choc provoquée par l'assassinat, mercredi matin, du leader de gauche Chokri Belaïd se propage en Tunisie, et l'issue de la crise politique, la plus grave depuis la révolution, restait incertaine, hier en fin d'après-midi. En toile de fond : les luttes internes au parti islamiste Ennahda, dont la frange majoritaire refuse de quitter le gouvernement, s'accrochant à sa «légitimité» issue des élections.
Le Premier ministre, Hamadi Jebali, issu d'Ennahda et jugé modéré, a joué mercredi soir le tout pour le tout et s'est affranchi de la tutelle exercée par sa formation en annonçant à la télévision qu'il allait constituer un nouveau gouvernement de technocrates apolitiques, comme le réclame l'opposition. Une décision prise unilatéralement, sans consulter ses partenaires de la coalition ni même son propre parti, qui l'a désavoué hier. Tour à tour, le président d'Ennahda, Rached Ghannouchi, le bloc parlementaire et le Conseil de la choura ont annoncé le rejet de ce qu'ils n'envisagent que comme une «proposition», explique Fayçal Nacer, du bureau de communication du parti : «Ennahda considère que la crise est politique et nécessite d'être résolue par un gouvernement politique, et non technique. Les chances de former un gouvernement d'union nationale pour deux ou trois mois, jusqu'à des élections, existent toujours.» Les divergences sont cependant profondes au sein du parti et les points de vue apparaissent difficilement réconciliables.
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