«Le nouvel an chinois arrive et elle n'est toujours pas mariée.» Madame Jin est très inquiète pour sa fille qui, à 32 ans, n'a toujours pas dégoté de mari. «C'est extrêmement embarrassant pour toute la famille, explique-t-elle sur un ton péremptoire. Il est de mon devoir de lui trouver un époux car dans la tradition chinoise, le mariage est très important.» Couverte d'une épaisse capeline et d'un gros bonnet rouge pour braver le froid, madame Jin, retraitée, tâche de régler le problème en passant des journées entières au Xiangqin jiao («coin du mariage») du parc Zhongshan, à un jet de pierre de la place Tiananmen.
Dans cet espace boisé se réunissent deux fois par semaine plusieurs centaines de parents aux cheveux blancs, aussi désespérés qu'elle. Par une température de - 10 °C, ils gravitent comme des pèlerins autour d'une fontaine sans eau, un gros écriteau en carton accroché au cou. Madame Jin porte le sien en bandoulière, écrit en gros caractères, où elle fait la réclame pour sa fille : «Née en 1980, taille de 1,55 m, résidant à Pékin, fonctionnaire, physique pas déplaisant, salaire net après impôt de 4 500 yuans [540 euros], cherche homme d'au moins 1,65 m aux revenus corrects, âge et physique pas très important.» Son sac est rempli d'albums de photos de la demoiselle posant devant des monuments. «Malheureusement, fulmine madame Jin, ma fille a rejeté tous les hommes que je lui ai dénichés ici. Après tout le mal qu