Entre l'Egypte et l'Iran, ce n'est plus le grand froid, mais l'heure des manches courtes n'a pas encore sonné. Après la visite de Mohamed Morsi à Téhéran en septembre, c'est Mahmoud Ahmadinejad qui s'est rendu en fin de semaine dernière au Caire, pour une visite de quatre jours dans le cadre du 12e sommet de l'Organisation de coopération islamique (OCI). Une tournée historique : c'était la première fois qu'un chef d'Etat iranien foulait le sol égyptien depuis la révolution islamique de 1979. Le dernier n'était autre que le chah, qui, bouté hors du pouvoir, avait trouvé au Caire une terre d'accueil, qui fut sa dernière demeure.
Pendant plus de trente ans, la tension politique entre les deux pays a prospéré sur fond de vieille querelle religieuse entre sunnisme et chiisme, les deux principales branches de l'islam. En débarquant au Caire, Ahmadinejad savait qu'il n'allait pas ramasser que des lauriers. Aux abords d'Al-Azhar, où il s'est entretenu avec le grand imam Al-Tayeb, le chef d'Etat a en effet été accueilli par une manifestation de salafistes égyptiens, qui se sont plaints du sort réservé aux sunnites d'Iran et ont mis en garde contre toute tentative d'«infiltration chiite» en Egypte. Puis, lors d'un bain de foule près de la mosquée Al-Hussein, le président iranien n'a pas échappé à ce classique de la contestation politique qu'est le lancer de chaussure. L'objet n'a pas atteint sa cible, mais quatre Egyptiens et un ressortissant syrien ont été arrêtés.