Menu
Libération
Reportage

Tombouctou redécouvre les femmes

Article réservé aux abonnés
Dans la cité du Nord reprise par l’armée, les islamistes terrorisaient les Maliennes, emprisonnées pour un vêtement mal ajusté ou une cigarette.
Azahara, 20 ans, a été placée en cellule 36 heures par des islamistes. (AFP)
publié le 11 février 2013 à 21h16

ATombouctou, tout le monde l'appelle, avec un mélange de crainte et de répulsion, «la prison des femmes». C'est là, dans cette banale agence de la Banque malienne de solidarité située dans le centre-ville, que les islamistes ont enfermé des mois durant celles qui avaient le simple tort de porter un vêtement jugé impudique ou tout simplement d'avoir une démarche considérée comme provocante. Après la prise de contrôle de la cité du désert, au printemps 2012, les «barbus» ont fait régner la terreur à Tombouctou avant d'en être délogés par les soldats français, fin janvier. Ils se sont notamment acharnés sur les femmes, qui redoutent par-dessus tout leur retour, alors que des affrontements ont eu lieu le week-end dernier à Gao, l'autre grande ville du nord du Mali.

Devant la porte à barreaux qui marque l’entrée de la pièce du distributeur automatique de billets, Azahara se pince les lèvres pour retenir ses larmes. C’est dans cet espace minuscule de quatre mètres carrés qu’elle a été détenue durant trente-six heures. Dans son malheur, cette jeune femme aux cheveux lissés, qui porte un tee-shirt moulant aux couleurs vives, a eu de la chance : elle était seule. Ici, on a parfois compté derrière les barreaux jusqu’à une quinzaine de femmes, serrées les unes contre les autres, sans avoir le droit de sortir pour se soulager.

«Fouet». Azahara, 20 ans, a été arrêtée devant chez elle par une patrouille de la police islamique qui passait par là