Menu
Libération

Turin, Strasbourg et la renaissance européenne

Article réservé aux abonnés
publié le 12 février 2013 à 19h36

Et si le rêve devenait réalité, là, sous nos yeux, au moment même où l’on désespérait de le voir, un jour, prendre forme ? Et si l’on venait d’assister, le week-end dernier, à l’émergence d’un vrai parlement européen et d’une gauche paneuropéenne, à deux événements majeurs porteurs d’une union qui deviendrait, enfin, une puissance politique avec des dirigeants élus - autrement dit une démocratie paneuropéenne et une puissance publique continentale à même de défendre son modèle social contre l’omnipotence de marchés d’ores et déjà mondialisés ?

C’était une nécessité. C’est l’urgence car, affranchi des frontières, l’argent se rit des Etats et de leurs lois en allant chercher les coûts de production les plus bas partout où aucune contrainte ne s’impose à lui, délocalise les usines et exerce une irrépressible pression à la baisse sur les salaires des Européens et leur protection sociale. Chaque jour, le modèle social européen se défait un peu plus mais les gauches européennes tardaient toujours plus à s’unir tandis que la seule institution démocratique de l’Union, son parlement, abandonnait le destin de l’Europe aux tractations de gouvernements à courte vue, bien décidés à ne rien céder de leurs prérogatives.

C’était la situation, celle qui conduit au permanent approfondissement du divorce entre les Européens et l’Europe, mais il y eut, maintenant, le tournant de Turin et la révolte de Strasbourg, deux bouleversements tellement inattendus et inconcevables qu’ils en sont pratiqueme