Le Messie s'est fait artisan, avec beaucoup, beaucoup d'ouvrage encore sur son métier. Dans son très solennel «discours sur l'état de l'Union», le premier depuis sa réélection au mois de novembre, Barack Obama a définitivement renoncé aux envolées lyriques qui caractérisaient encore ses précédents «Sotu» (l'acronyme pour la State of the Union address, un rituel de la politique américaine prononcé devant les deux chambres réunies du Congrès). Plus de «moment Spoutnik», comme en 2011, lorsqu'il appelait encore les Américains à se «réinventer». Plus terre à terre que jamais, Barack Obama a cette fois dressé au Congrès une longue liste de choses à faire : réforme fiscale, relèvement du salaire minimum, réforme de l'immigration, contrôle des armes, lutte contre le changement climatique…
«Let's get it done !» («Faites-le !), a scandé le Président tout au long de son discours : un refrain qui résume bien tout le chemin parcouru depuis le fameux «Yes, we can» de 2008. «Je ne vois pas beaucoup de sujets sur lesquels la majorité républicaine à la Chambre va facilement céder, rappelle Eric Ostermeier, professeur à l'université du Minnesota et auteur du blog Smart Politics. En présentant un agenda aussi spécifique, Obama se prépare surtout pour les élections de mi-mandat, en 2014. Si rien n'est fait d'ici deux ans, il pourra faire campagne en disant que le problème