Le récent décès de la sœur Maria Gomez Valbuena, à 87 ans, a été un coup de massue pour tous ceux qui, de près ou de loin, se sont mobilisés pour dénoncer le drame des bébés volés. Cette pratique, née sous le franquisme à la fin des années 50, avait perduré jusqu’en 1987, en pleine démocratie. La religieuse, alias «Sor Maria», était la seule personne mise en examen, et ce pour seulement deux cas : d’après l’accusation, elle aurait subtilisé des nouveau-nés à l’insu de leur mère pour les confier - ou les vendre - à des familles d’adoption catholiques et conservatrices.
C'est le cas de Pilar Alcalde, 30 ans, arrachée à sa mère en 1982 dans la clinique madrilène de Santa Cristina. Par miracle, elle a récemment retrouvé sa mère biologique alors que, selon elle, Sor Maria et les médecins concernés avaient pris soin d'effacer (presque) toutes les traces de ce vol. Mais la mort de la religieuse suppose le classement du procès en cours. Pilar Alcalde s'est dit «en colère», tout en lâchant : «Si Sor Maria n'a pas payé ici-bas, elle paiera ses fautes tout là-haut !»
D’après le juge Baltasar Garzón, qui le premier a enquêté sur cette tragédie longtemps occultée, 130 000 bébés auraient été volés pendant près de quatre décennies dans les maternités espagnoles. Le scénario est presque toujours identique : on fait croire à la mère que son enfant est mort peu après l’accouchement et on le confie à une famille d’accueil «amie». A l’époque franquiste (jusqu’en 1975), la plupar