Menu
Libération
Portrait

La guerre perdue des photoreporters

Article réservé aux abonnés
Loin des conflits qui ont fait sa gloire, une profession lutte contre sa disparition au sein d’une presse qui brade ses images. Illustration avec le parcours d’Alain Buu.
Alain Buu pratique le photojournalisme depuis 1989.Passé par l’agence Gamma, qu’il quitte en 2004, il est membre d’Orizon, une association de six photographes indépendants. (Photo Alain Buu)
publié le 15 février 2013 à 19h06

En Irak, alors qu'il est coincé dans le Kurdistan en 1991, sa chance a été d'avoir été boat people, recueilli gamin sur une barque vietnamienne perdue en mer de Chine et ramené en France. Quand, après être resté dix-huit heures caché dans un trou, il est découvert par des soldats de Saddam Hussein qui menacent de le tuer, le jeune photographe a l'idée de se revendiquer de la terre ancestrale : «Je savais que les Vietnamiens étaient respectés par les Arabes. Ils étaient à cette époque les seuls à avoir battu les Américains au cours d'une guerre.» Il s'écrie : «Vietnamien, je suis vietnamien.» Sauvé !

Après des jours difficiles à la terrible prison d'Abou Ghraib, Alain Buu et son copain, un journaliste américain, seront libérés. Mais un troisième pote, Gad Gross, photographe de 27 ans d'origine roumaine, a, lui, été exécuté au moment de sa capture. «Aujourd'hui, j'ai l'impression que c'est l'histoire de quelqu'un d'autre, confie-t-il dans un récit écrit avec cette modestie qui le caractérise. Les gens me perçoivent comme un miraculé et un héros, certains envient mon expérience. Mais, intérieurement, je suis triste, j'aurais bien voulu ne jamais vivre cette aventure.»

A présent, ces jours de peur et de fureur sont loin. Car, ce que ni les bombardements ni les frontières n'avaient réussi à faire, l'empêcher de partir, d'aller suivre les guerres, la crise que traverse le photojournalisme y est parvenue. Désormais, cet ancien de Gamma, qu'il a qui