Il y a le Québec des préjugés français, celui qui présente nos cousins québécois comme de bons bûcherons francophones simples et joviaux. Il y a le Canada des illusions américaines, celui de Michael Moore, qui exalte l’absence de crime dans ce pays voisin où personne ne ferme sa porte à clé. Et puis il y a Montréal au Québec et au Canada, où les entrepreneurs sont - souvent mais pas tous - véreux, où les politiciens et les fonctionnaires sont - souvent mais pas tous - corrompus. C’est dans ce Montréal-là que se joue un drame, ritualisé comme une pièce de théâtre et qui tient en haleine l’opinion publique depuis des mois.
Dans une salle d’audience moderne et grise comme un ciel d’automne, hommes d’affaires, ingénieurs, petits fonctionnaires de partis ou d’administrations viennent depuis le mois de septembre s’accuser de corruption, dénoncer les pratiques douteuses du secteur de la construction au cours des dix dernières années dans la ville de Montréal, ou dévoiler le système de financement des partis politiques. Derrière eux, omniprésente, l’ombre de la mafia, la sicilienne, la vraie. Cette salle où ils s’expriment n’est pas un tribunal mais une commission indépendante, mise en place l’an dernier à reculons par le gouvernement alors libéral du Québec, quand il n’a plus été possible de cacher que la mégalopole canadienne avait quelque chose de pourri.
Cette commission porte le nom de la juge qui la préside, l’honorable France Charbonneau, magistrate de la Cour supérieure du Qué