Tous les week-ends, Pulane Maine, déléguée syndicale, attend sur le bord des routes que les travailleurs agricoles sortent enfin de leur ferme. Pour leur faire connaître leurs droits et les convaincre de s'affilier à son syndicat, la Fawu (Food and Allied Workers Union). «J'aimerais bien rencontrer ces ouvriers-là, souffle-t-elle, les yeux rivés sur une immensité de champs de maïs. Mais je ne vois pas leurs habitations. Ils doivent vivre trop loin de la route…» L'Afrique du Sud compte 683 000 ouvriers agricoles pour 39 700 exploitations. Le secteur est le plus gros employeur du pays, mais aussi le plus opaque. Seuls 6% à 9% des travailleurs sont syndiqués. Cela n'empêche pas les grèves, qui se multiplient dans les campagnes depuis le début de l'année. Aussi le gouvernement a-t-il décidé, le 4 février, de porter leur salaire minimum à 105 rands (9 euros) par jour, une hausse de 55%.
«Licenciements». Cette nouvelle réglementation a déclenché de vives réactions chez les propriétaires agricoles. Dawie Maree, économiste pour l'association Agri SA, voit déjà «une perte de revenus pour les fermiers, qui peut conduire à de nombreux licenciements. Avec l'augmentation des prix de l'électricité, du carburant et de l'eau, beaucoup vont devoir mettre la clé sous la porte».
Pulane Maine a rendez-vous dans une ferme où on cultive des champignons, à 70 kilomètres de Johannesburg. Il a fallu attendre l'obscurité pour rejoindre le