Des rangées de chaises en plastique ont été installées, comme tous les dimanches, à côté des vieux bancs de bois. La nef baroque un peu décrépite de Santa Eufemia est pleine à craquer. C’est une paroisse milanaise comme tant d’autres près de Porta Romana, quartier désormais boboïsé de la capitale lombarde. Loden et visons côtoient blousons et survêtements. Des familles, quelques personnes âgées et beaucoup de jeunes. Environ 20% des Italiens vont, en moyenne, une fois par semaine à la messe, mais les pratiquants sont plus nombreux encore dans le diocèse de Milan, le plus important du pays.
A l'issue de l'office, des petits groupes discutent des prochaines élections. «Les frasques de Berlusconi nous ont tous écœurées mais, plus encore que la question morale, il y a toutes les réformes promises qu'il n'a pas faites pendant dix-huit ans», s'indigne Matteo, instituteur dans une école catholique. «Chacun doit se demander, en conscience, quelles sont aujourd'hui les principales urgences et quel parti y répond le mieux. Mais la réponse est moins évidente que jamais», renchérit Riccardo, diplômé en lettres à la recherche d'un emploi. Comme des dizaines de milliers de jeunes catholiques de la capitale lombarde, ils sont engagés dans le «volontariat», s'occupant des malades d'un hôpital psychiatrique et de cours de soutien scolaire.
«Les pauvres ne sont pas des cobayes»
A l'autre bout de la ville, en lisière de Sesto San Giovanni, banlieue industrielle en crise jadis surnommée la «Stalingrad italienne» pou