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Libération
Reportage

Rome gangrené par le «malaffare»

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La capitale étouffe sous les affaires de malversation, de clientélisme ou d’enrichissement personnel.
par Eric Jozsef, (à Rome)
publié le 18 février 2013 à 22h26

«Désolé, nous n'avons plus de lits. Rentrez chez vous par vos propres moyens.» Au cœur de la nuit, les médecins débordés de la polyclinique Umberto Ier, l'un des principaux hôpitaux de Rome, sont résignés. Arrivé quatre heures plus tôt sur un brancard, le motard accidenté doit appeler ses proches pour être ramené à son domicile malgré un bassin cassé. Dans la capitale italienne, les structures sanitaires manquent cruellement de personnel compétent, de fonds et d'entretien. «Tous les services d'urgence de la ville connaissent des situations dramatiques. Mais, en réalité, les manquements sont innombrables dans tous les secteurs publics», s'indigne l'avocat et conseiller régional Giusseppe Rossodivata. Il ajoute que «partout règne le malaffare», terme générique pour désigner à la fois la gabegie, le clientélisme, la mauvaise gestion et les malversations qui grèvent d'autant les budgets des services publics et sociaux. «Allez voir l'état des bus régionaux qui assurent la liaison entre Rome et Rieti. Par manque de manutention, il y a de la fumée à l'intérieur des véhicules, poursuit cet élu du Parti radical. En revanche, 145 millions d'euros ont été dépensés depuis 2001 pour la fantomatique autoroute Rome-Latina et il n'y a pas encore un seul centimètre d'asphalté.»

Malgré la crise, l'argent coule à flots pour les amis du pouvoir dans les couloirs de l'imposant bâtiment du conseil régional du Latium. Au point d'avoir provoqué