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Libération
Reportage

«Si les Chinois s’en vont, Prato va fermer»

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Main-d’œuvre devenue essentielle à cette petite ville de Toscane, les travailleurs de Wenzhou font leur valise. La faute à des contrôles incessants et à la crise.
par Eric Jozsef, Envoyé spécial à Prato (Toscane)
publié le 18 février 2013 à 22h26

Sur le grand écran bleu en vitrine du supermarché de la Via Pistoiese défilent les offres d’emplois des petits entrepreneurs locaux du textile résumées en quelques idéogrammes et assorties d’un numéro de téléphone portable. Malgré la pluie, l’heure tardive et les fêtes du nouvel an chinois, un petit groupe de travailleurs guettent les propositions pour quelques jours, voire quelques heures de boulot dans l’un des mille ateliers de confection à la périphérie de Prato. Dans le Chinatown de cette petite ville de Toscane, devenu en quelques années une sorte d’enclave asiatique en plein cœur de l’Italie, les ouvriers, originaires pour la plupart de la région de Wenzhou (une des plus riches de Chine), ont la mine sombre des victimes de la crise économique.

«Lavoro ? Poco», lâche dans un Italien rudimentaire un homme aux traits fatigués. «Pas beaucoup d'activité», confirme la jeune caissière en pantalon de cuir noir installée à l'intérieur du magasin d'alimentation qui gère aussi cette bourse du travail télématique. Elle se fait appeler Rita. Fille du propriétaire, cette Chinoise fait défiler sur le tapis roulant les sachets de pattes de poulet, les paquets de gâteau et quelques bouteilles de vin toscan. «C'est une sale année. Entre la baisse des commandes et les contrôles obsessionnels des ateliers de la part de la police, certaines entreprises ferment, se désole-t-elle. Les Chinois commencent à s'en aller.» Arrivée à l'âge de 10 ans en Italie, R