Un matin brumeux dans la grande banlieue de Pékin. Le rendez-vous a été donné devant une luxueuse maison à l’européenne située dans un ensemble résidentiel. La demeure a été transformée en un invraisemblable refuge accueillant secrètement des centaines d’animaux familiers sauvés de justesse de la casserole par des militants en guerre contre les pratiques gastronomiques de leurs concitoyens. Mères audacieuses ou jeunes citadins, ils sont affiliés à la Société chinoise de protection des petits animaux (SCPPA), qui réclame depuis des années l’adoption d’une loi sur la protection animale interdisant la consommation des chats et chiens. L’association a été créée il y a vingt ans par Lu Di, une femme aujourd’hui octogénaire qui, singulièrement, fut dans sa jeunesse la lectrice attitrée du président Mao. Avec ses militants, elle mène une véritable guérilla, montant des embuscades contre les camions transportant des cargaisons canines ou félines vers les innombrables restaurants du pays qui les servent à toutes les sauces.
Accomodé avec du serpent
Leur dernière opération a eu lieu quelques semaines auparavant à Pékin. La cible : un poids-lourd transportant 500 chiens de toutes races, entassés dans des cages rouillées, à moitié morts de froid, de faim, de soif et de fatigue. Des animaux très certainement volés à leurs propriétaires autour de Pékin, et destinés à des restaurants de Shenyang, 700 kilomètres plus au nord. Bien que des centaines de gargotes de la capitale servent aussi du chien, c'est surtout au