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Libération

Le président colombien donne des toits pour gagner des voix

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publié le 19 février 2013 à 21h46

Ce sont de petites maisons de briques à un étage, aux fenêtres teintées et au toit de fibrociment. «Je me sens presque aussi content que vous, a lâché avec un sourire gourmand Juan Manuel Santos aux nouveaux propriétaires. Profitez-en !» Le président colombien inaugurait, la semaine dernière à Pradera (sud-ouest du pays), les 91 premiers logements gratuits de son plan de 100 000 demeures destinées aux Colombiens les plus pauvres.

«Je me pince toujours pour m'assurer que ce n'est pas un rêve», a commenté pour l'occasion l'un des bénéficiaires. Il y a de quoi : le programme sans précédent du dirigeant néolibéral, destiné en priorité aux dépossédés du conflit colombien, rivalise de générosité avec ceux de ses voisins socialistes. L'Equateur n'accorde par exemple qu'une subvention partielle au logement, et même la «Venezuela Saoudite» prévoit de faire payer à moyen terme les habitations qu'elle distribue actuellement par dizaines de milliers.

Les opposants à Juan Manuel Santos se pincent aussi, mais de rage : dans un pays où l'électeur adopte souvent le comportement d'un client, et où de nombreuses familles ont été ruinées par des crédits fonciers abusifs, le Président prend, avec cette opération, une bonne option pour être réélu lors de la présidentielle de mai 2014. Le prédécesseur et désormais ennemi juré de Santos, l'ultraconservateur Alvaro Uribe, a tenté de rabaisser la valeur des logements de Pradera. «Ces maisons ont été construites il y a tr