C'est une bâtisse de craie blanche au cœur d'un Phœnix Park vert foncé. Et dont, depuis la route, l'on peut apercevoir la majesté. Áras an Uachtaráin, «la maison du président», ses 92 pièces austères, s'offre au public tous les samedis. Le peuple irlandais peut ainsi mettre un mouchoir sur les tourments de la crise. Ses quatre plans de rigueur, son chômage multiplié par quatre en quatre ans. Mais ce lundi-là, sous une bruine glaciale et venteuse, c'est happy few. On découvre en solo ses salles de réception, ses chefs d'Etat irlandais portraiturés depuis 1938. Voilà enfin le neuvième Uachtarán na hÉireann. Un bilingue anglais-gaélique, un socialiste du Labour porté au pouvoir en 2011 au suffrage universel direct, après une campagne trash entre sept candidats. A l'arrivée : plus de 1 million de voix (un record) s'est porté sur ce petit homme de 71 ans, à l'allure de troll et à l'allant de trublion.
Soit Michael D. Higgins, œil vif, neurones survoltés. Militant des droits de l'homme et sociologue, poète rock et gauchiste choc. «Je suis très occupé, s'excuse d'emblée le natif de Limerick. J'écris moi-même mes discours, je dois partir à Rome, et puis… il y a Paris.» A l'heure où l'Irlande assure la présidence de l'Union européenne, «Michael D.», comme disent les Irlandais, est reçu depuis lundi et jusqu'à aujourd'hui en France.
Il semble sur tous les fronts. «Front» de représentation, de simple ministre de la parole pour celui qui n'a au