Des ruches de terre, des essaims d'enfants et une patrouille légère de l'armée française de retour de mission qui remonte vers l'aéroport, distant de 6 km du centre-ville, dans un crépuscule de souffre. Dans le camp des forces maliennes, en ville, le colonel Sangaré, chef militaire de la zone de Tombouctou, tient salon avec ses officiers. Il pourrait figurer dans les manuels de civilité. Tout est «calme» à l'entendre, «les opérations sont en cours», rien ne doit être «caché». La preuve, ces 11 combattants jihadistes prisonniers exhibés par les militaires, dont le logisticien d'Ansar ed-Dine, en treillis vert bouteille, qui lève le doigt, sourire aux lèvres, comme à l'école, à l'évocation de son nom. Parmi eux, deux Algériens, le regard éteint, un Nigérian, et un Nigérien, des pauvres hères de pas plus de 20 ans.
Maintenant, au tour des droits communs :«Ici nous n'avons rien à cacher», dit également un colonel de gendarmerie originaire de Sikasso, avant de présenter ces derniers, entassés derrière un comptoir d'épicier. Celui-là a tué «à l'arme blanche» son ami, qu'il soupçonnait de coucher avec sa femme. Ces trois derniers jours, trois pillards ont également été pris en flagrant délit avec une télé et des vivres. Celui-ci a été «lavé de tout soupçon par l'armée française qui a fait parler son ordinateur», dit un officier. Et ? «On n'a trouvé que de la musique.» Le type se dit DJ à Tombouctou et «chante les lou