Le géographe Aurélien Delpirou, maître de conférences à l’Institut d’urbanisme de Paris (université Paris-Est Créteil) étudie l’Italie depuis presque dix ans. A la veille des élections législatives, regards sur Milan, ville natale de Berlusconi.
Vous qualifiez Milan de «deuxième capitale»…
Un schéma «capitale politique» contre «capitale économique» a longtemps fonctionné à propos de Rome et Milan. C'est assez difficile à comprendre pour un Français, mais comme l'unité italienne est relativement récente - certains diraient encore inachevée ! -, la centralisation est moins importante. A travers les cités-Etats, les principautés et les duchés, beaucoup de pouvoirs politiques locaux se sont développés dans l'Italie médiévale et moderne. Si Rome est de toute évidence une capitale historique, culturelle, politique et administrative, Milan est le berceau du capitalisme italien. Arrimé à l'Europe dès le XVIIIe siècle, il a des échanges intenses avec la France, l'Allemagne et la Suisse. Une classe dirigeante industrielle et commerçante s'y est donc développée très tôt.
Pourquoi Milan plutôt que Turin ou Gènes ?
Il y a une forme de répartition assez équilibrée des fonctions et des activités des différentes villes italiennes. Au nord, Bologne est un grand centre universitaire depuis le Moyen Age. Turin est la ville de la Révolution industrielle, très spécialisée dans l’automobile (avec la présence de Fiat et de ses sous-traitants) et l’aéronautique. Venise fut un grand port et Gênes l’est encore. Mais le nerf de la guerre, c’est l’argent, donc les banques. Or, c’