«Non, le roi ne va pas abdiquer» : cette phrase, la numéro 2 du gouvernement conservateur, Soraya Sáenz de Santamaría, l'a martelée à trois reprises avec tant de force que, paradoxalement, le doute a pénétré les esprits. Avant d'ajouter : «La monarchie a rendu de grands services à la nation en faveur de la stabilité et de la démocratie, et nous ne laisserons pas son image se salir.» L'exécutif espagnol, embourbé dans une récession qui ne cesse d'empirer, vit aussi une crise de légitimité tous azimuts : non seulement il est mis en cause dans une affaire de corruption éclaboussant tous les dirigeants du parti au pouvoir - dont le chef du gouvernement, Mariano Rajoy -, mais il doit venir au secours de la monarchie, une institution en perte de vitesse depuis un an, qui, ces jours-ci, vit ses heures les plus noires, car elle est soupçonnée d'être partie prenante, ou complice, de fraudes. Longtemps facteur de cohésion nationale, la Maison royale inspire désormais de la méfiance auprès d'une majorité d'Espagnols, au même titre que les partis, les syndicats ou la magistrature. Samedi, le gendre du roi, Iñaki Urdangarin, impliqué dans un scandale de détournement de fonds publics, a eu beau mettre hors de cause le restant de la Casa Real, la suspicion n'a jamais été aussi palpable : elle touche désormais un conseiller royal, l'infante Cristina et Juan Carlos lui-même.
Aura. Affaibli aussi bien physiquement (quatre passage