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grand angle

Le play-boy qui séduit le Pakistan

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Cricketeur adulé devenu sensation politique, le charismatique Imran Khan concentre les fantasmes et les espoirs de millions de partisans dans un pays à la dérive. Mais d’autres le voient en démagogue glamour et arrogant, ambigu avec les talibans.
publié le 25 février 2013 à 21h53

Il est déjà 17 heures et l'homme politique le plus populaire du Pakistan n'a pas le temps pour les bonnes manières. Comme un ogre, ce leader d'un parti minoritaire qui se voit bientôt Premier ministre avale bruyamment son… petit-déjeuner à grands coups de pain trempé dans ses œufs. Il tente d'articuler sa grande vision pour le pays, la bouche pleine de dattes et de noix de pécan, engouffrées goulûment avec un verre de lait. Ses mains huileuses moulinent l'air, à peine essuyées sur un bout de torchon. De manière plutôt indécente dans ce pays très conservateur, il reçoit son interlocutrice étrangère près de son lit king size, dans l'élégante chambre à coucher de sa confortable villa surplombant Bani Gala, une banlieue chic de la capitale Islamabad. Une fois n'est pas coutume, il a délaissé sa shalwar kameez immaculée pour un jogging, il porte des baskets et a les cheveux en bataille. Seule touche de chic concédée à cet après-midi d'hiver cotonneux : il s'est enveloppé dans un châle noir en pashmina. Belle gueule, voix grave et sexy, l'ex-playboy du cricket mondial, ami de Mick Jagger et de la jet-set londonienne des années 70 et 80 aime jouer de son physique. Il est assis jambes écartées ou posées sur l'accoudoir de son fauteuil, une position qui lui permet de dévoiler son fin mollet d'athlète et d'effleurer négligemment son entrejambe. Autour de ses yeux en amande qui se plissent aux questions fâcheuses, les rides sont plus marquées. Son teint est défraîchi