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Libération
Reportage

Tombouctou, éternelle cité perdue

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Les habitants sont soulagés par le départ des jihadistes qui ont occupé la ville, mais déplorent toujours l’absence de l’Etat malien.
Un enfant joue, le 31 janvier, dans une maison anciennement occupée par un porte-­parole du groupe jihadiste Ansar ed­ Dine, à Tombouctou. (Photo AFP)
publié le 25 février 2013 à 21h42

La ville sainte, construite sur des sépulcres détruits à la masse pendant l'occupation par les jihadistes, a toujours été commandée au nom du ciel. Ses anciens maîtres l'ont enfermée dix mois au nom de la charia. Dans les locaux saccagés de l'Office radio-télé du Mali, qui servait de bureau à la «commission presse» d'Ansar ed-Dine, un planning à terre affiche les heures «de cours de rattrapage des notions de charia» à l'attention des jihadistes. La leçon avait lieu chaque mercredi de 8 à 10.

Que reste-t-il des principes édictés par l'occupant qui a torturé Tombouctou et ses habitants, toujours au nom du ciel ? Pour le médecin chef de l'hôpital, Ibrahim Maïga, c'est un souvenir grotesque qu'il singe en remontant son pantalon jusqu'au nombril : «"Docteur, ton pantalon !" Voilà ce qu'ils me disaient quand ils me voyaient, car je ne l'avais pas retroussé jusqu'au mollet selon les codes du wahhabisme.» Mais ce sont aussi des souvenirs douloureux. Le docteur Maïga, en se les remémorant, éclate en sanglots, comme la semaine dernière lors de la visite du ministre du Développement social. Ibrahim Maïga lui a raconté le courage des femmes et la lâcheté des hommes qui n'ont pas su les protéger des humiliations des jihadistes : «Les hommes se sont couchés.» Le message était aussi destiné aux officiels planqués à Bamako.

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