Fernando Vallespin est professeur de sciences politiques à l’Université autonome de Madrid. Entre 2004 et 2008, il présidait le très officiel Centre d’enquêtes sociologiques, le CIS. Depuis, il est le directeur académique du Centre de recherches Ortega y Gasset, à Madrid.
Les élections italiennes ont mis en évidence un très fort sentiment antieuropéen. La situation espagnole est-elle comparable ?
Je ne crois pas que le vote italien soit si antieuropéen qu'on le dit. Il exprime surtout une exaspération contre l'Europe technocratique, celle dirigée par Angela Merkel. En ce sens, le cas espagnol est très proche. Ici, il n'existe pas de Beppe Grillo, beaucoup trop excentrique pour nous. Mais, surtout, grande différence, ici la gouvernabilité n'est pas en péril, au moins dans un avenir proche. Elle est assurée par le Parti populaire [le PP, qui gouverne à la majorité absolue depuis 2011, ndlr] qui ratisse toute la droite, extrême droite comprise, et possède un électorat solide. A gauche, avec l'effritement du Parti socialiste, on assiste à une dispersion de petits partis. Mais, je le répète, le PP pourra toujours gouverner, avec au moins 36% des votants et l'appui des centristes.
Tout de même, un scepticisme européen s’exprime en Italie. Et en Espagne ?
Notre pays a longtemps été l’un des pays les plus europhiles, notamment le premier à approuver par référendum le traité européen. Et cela est vrai depuis notre entrée dans l’UE en 1986, une U