Jorge Sánchez Kaeser a 40 ans. Cet architecte madrilène a vu sa vie chamboulée le 15 mai 2011, lorsque des dizaines d’Indignés - dont lui - ont commencé à occuper la Puerta del Sol. Un mouvement qui durera trois semaines. Depuis, ce militant a participé à une bonne vingtaine de protestations, notamment celles qui se déroulent près de la Chambre des députés depuis septembre.
«Je ne connais pas l'œuvre de Stéphane Hessel, et je ne l'ai jamais rencontré. Je connais juste les grandes lignes de sa trajectoire, comme la plupart des Indignés espagnols. J'ai lu des extraits de son fameux Indignez-vous !, ceux qui ont circulé sur les réseaux sociaux depuis le début du mouvement. Le manifeste de Hessel était sorti avant, mais la plupart d'entre nous en avaient à peine entendu parler.
«A vrai dire, ce n’est pas tant le fond que la forme qui m’intéresse dans son pamphlet insurrectionnel. Ce qui me paraît formidable, c’est la dimension pédagogique et le pont qu’il a su établir entre des générations aussi éloignées. Qu’un octogénaire qui a traversé de dures épreuves, bien plus terribles que les nôtres, arrive en fin de vie avec cette flamme rebelle et sache établir une connexion avec des jeunes, cela a été pour moi comme un coup de fouet : si lui y croit et si, à son âge, il n’a rien d’un type abattu, alors nous aussi, on doit se bouger pour ces idéaux de démocratie réelle, de vigilance vis-à-vis du pouvoir, pour trouver une alternative à l’impasse actuelle. Je me souviens d’une de