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Libération
Reportage

A Gao, la dérive des «soldats perdus» du jihad

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La France en guerre au Malidossier
Ils disent s’être trompés de camp, avoir rejoint les islamistes sans savoir où ils mettaient les pieds. Ils tentent désormais d’échapper à la justice.
Des soldats maliens gardent des islamistes présumés à Kadji, sur les rives du fleuve Niger, le 1er mars 2013. (Photo Joel Saget. AFP)
publié le 1er mars 2013 à 22h26

Ils sont immobiles, à l'ombre d'une maison de boue durcie, se cachant à la fois du soleil dévastateur, des mouchards, des patrouilles maliennes et des blindés français qui font voler les poules. Ils changent «d'endroit le plus souvent possible», au gré des complicités nouées, et donnent chaque fois rendez-vous «dans une maison différente». Les «patrouilleurs» de Gao, ces membres des comités de quartier, finiront bien par les retrouver, alors qu'au crépuscule, deux radios locales appellent les auditeurs à la délation des anciens des jihadistes, ou présumés tels.

«Chair à canon». Face à ce qu'il leur reste «à vivre», ils se disent que leur témoignage dans la presse «pourra être pris en compte» par la justice. L'un était chauffeur «dans le tourisme», l'autre refuse de décliner sa profession. Ils sont originaires de Gao, parlent un français fluide et sont aujourd'hui à la recherche de faux papiers. Ils ont rejoint la milice d'autodéfense songhaï, Ganda Izo, à la fin des années 2000 : «On pensait que l'intégration dans l'armée malienne, qui a toujours été notre but, impliquait un passage dans une rébellion [comme ça a été le cas pour d'autres milices arabes et touaregs, ndlr]», affirment-ils.

C'est le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) que ces deux soldats perdus ont rejoint dès le 4 avril 2012, «mais pas pour faire le jihad», avancent-ils au