Le Vénézuélien Rafael Duarte Villa, professeur de sciences politiques et de relations internationales à l’université de São Paulo, revient sur l’empreinte que les années Chávez laissent sur le continent latino-américain.
Quel est l’héritage de Hugo Chávez en Amérique latine ?
Il y a trois aspects majeurs, pour la région et pour le monde. Avec la fin de l'URSS, on disait le socialisme mort. Qu'il ait ou non réussi à instaurer un projet socialiste, Chávez a au moins ressuscité cette idée et soulevé des espoirs. Dans les années 90, déjà, il a montré à l'Amérique latine - alors largement alignée sur Washington - qu'elle pouvait s'émanciper des Etats-Unis et les affronter, exiger d'eux d'être traitée sur un pied d'égalité. Qu'elle n'était pas condamnée aux politiques néolibérales prêchées par les Américains. Bien sûr, d'autres pays d'Amérique latine comme le Brésil, très actif diplomatiquement, en particulier sous la présidence de Lula, ont aussi contribué à éroder l'influence des Etats-Unis dans la région. Mais Chávez a été en pointe. Il fut le principal pourfendeur de politiques américaines comme le projet de Zone de libre-échange des Amériques [avorté avec l'aide du Brésil et de l'Argentine, ndlr], le Plan Colombie ou encore l'exclusion de Cuba des institutions interaméricaines. Enfin, Chávez a fait fonctionner la solidarité latino-américaine. Grâce au soutien du Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua ou Cuba ont pu mettre en place des politiques sociales. Mais il est vrai aussi qu'en soutenant Cuba, financièrement et politiqu